Ecrits de nos prédecesseurs

Enfant du Divin, Enfant de la Perfection, enfant perdu dans un monde où dés lors, nous avons disparu. Lis les derniers mots du dernier de tes frères. Retrouve ta liberté en ce monde bercé de lumière. La liberté nait du pouvoir, et le pouvoir est tiré du savoir, mais sache que le savoir est une arme bien trop puissante entre les mains des ignorants, des imméritants. La connaissance s'acquiert par la sagesse, elle s'acquiert en surmontant les épreuves que Père nous impose. Enfant de l'Ombre, si tu souhaites Le servir comme il le faut, recherche la connaissance des anciens rites. Recherche la sagesse des anciens et fais-toi ta propre opinion. Que soit créée une nouvelle ère pour Père et ses fidèles. Mais sache une chose, Enfant.

Les murs restent les plus fidèles observateurs connus en ce monde. Témoins de l'Histoire, ils ne révèlent leurs connaissances qu'à l'Enfant qui en est digne.



Combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai commencé à servir Père fidèlement? Combien de temps s'est écoulé depuis que j'ai pris la décision de parcourir ce monde à la recherche de nos dignes successeurs, voyant mes frères tomber au combat? Sans doute, Enfant, te demandes-tu qui je suis. Sans doute, Enfant, es-tu intrigué par mes mots, mon identité, ou le savoir que je peux t'apporter. Mais saches tout d'abord, Enfant, qu'il y a bien longtemps avant ta naissance, j'étais encore plongé dans l'ignorance. Je croyais sagesse et puissance être mienne à l'époque, étant un des rares mâles à bénéficier d'une classe distinguée dans la société sombre de notre époque. Je servais Mère et la Valsharess avec une fidélité exemplaire, prêt à donner ma vie pour elles si elles m'en donnaient l'ordre. De ce fait, j'avais la sympathie de notre Matriarche, mais j'ai été trahi...
Ce fût en revenant d'une rude bataille avec nombre de mes soldats que je les vis. Allongées sur le pas de la porte, dans une mare de sang, les corps de ma compagne et de ma fille gisaient là, sans vie. Les funérailles eurent lieu le lendemain, la Valsharess restant à mes côtés. Depuis, elle s'arrangeait pour passer davantage de temps avec moi, nous rapprochant ainsi un peu plus chaque jour. Elle devint par la suite ma maîtresse, jusqu'au jour où une silhouette noire et encapuchonnée vînt à moi. Son aura était telle que je baissai les yeux instinctivement. Il ne prononça que quelques mots, mais cela suffit à capter toute mon attention.

"Ta maîtresse actuelle les a tuées..."

Il lança un parchemin vers moi avant de repartir.

"Ouvre les yeux Enfant. Libère-toi de ces illusions et prends connaissance de la vérité... Alors tu acquiereras savoir et puissance, devenant ainsi digne du Jugement du Divin..."

Il disparut. Je déroulai alors le parchemin, mes yeux glissant rapidement à sa surface. Je sentis mon monde se briser autour de moi... Un contrat d'assassinat exigeant la tête de ma femme et ma fille... Mon regard se braqua alors sur la signature du commanditaire... La Valsharess...
Il ne s'en fût pas plus pour que je me ruai dans la direction de l'inconnu, sortant du village. L'homme, faisant preuve d'un parfait sang-froid m'attendait à la sortie, adossé au mur, les bras croisés.

"Es-tu prêt à changer ta vision du monde, Enfant?"

Je ne savais que répondre, mon esprit se noyant dans les nombreuses questions qui l'agitait.

"Plus tard, Enfant. Commence déjà par voir ce monde sous ce qu'il est vraiment. Perfidie, mensonge, hypocrisie. Nobles procédés face à nos ennemis, mais qu'en est-il lorsque nous utilisons ces outils contre notre propre peuple?"

Je demeurai silencieux, l'écoutant.

"De tout temps, la vérité est caché. La vérité sur nos origines, sur nos intentions, et j'en passe. A toi de choisir à présent. Désires-tu rester un simple jouet entre les mains de ceux qui te manipulent et ne répandent que le mensonge autour de ceux qui les servent, restant esclave à jamais? Ou bien souhaites-tu connaître la vérité, demeurant ainsi libre et puissant? Ne plus être objet, mais possesseur?"

Je me laissai bercer par ses mots. Ma haine pour celle qui m'a trahi grondant en moi. Je choisis la vérité, le savoir et la puissance. C'est alors qu'un mince sourire s'étira sur ses lèvres tandis qu'il se redressa, s'avançant vers moi pour me tendre un second parchemin.

"Alors lis cela, Enfant. Médite sur ce que tu apprendras, et demain lorsque la Lune s'élèvera, rends-toi au Temple de Paagran. Là-bas, tu nous diras ta décision."

Il s'éloigna alors, sans un bruit. Je déroulai alors le manuscrit, lisant comme tu l'as surement fait, Enfant, la vérité sur nos origines. Mes convictions changèrent tout aussitôt. C'est ainsi que je me rendis au lieu du rendez-vous dés le lendemain, décidé.
Ils étaient une dizaine à m'attendre. Enfin, NOUS attendre aurait été plus juste. Nous étions trois. Deux sombres et un humain, les seuls à être vêtu autrement que d'une robe de bure noire. Je fut surpris de voir parmi notre comité d'accueil deux femelles sombres, un humain et un orc. Ils nous firent signe de les suivre ce à quoi nous nous exécutâmes immédiatement. Ils nous menèrent jusqu'au devant d'une immense statue de Gran Kain, notre Père. Il tenait dans sa main gauche le fameux marteau du Désespoir, sa fille aînée, à sa droite, Shillen, versant de lourdes larmes noires. C'est alors que le plus âgé de tous, s'adressa à nous:

"Etes-vous prêts à servir Père? A faire votre puissance, savoir et liberté?"

Chacun acquiessa. Le doyen eut un léger sourire aux lèvres.

"Ne croyez pas que chacun puisse accèder à ces trois vertus, Enfants. Seuls ceux choisis par le Divin ont l'opportunité de se battre pour les obtenir, répandant la destruction sur leur passage. Si vous vous sentez le courage de vous abandonner à son implacable Jugement, avancez-vous vers moi."

Nous nous exécutâmes. Le reste du groupe nous entoura alors, entreprenant de nous dévêtir afin de nous faire enfiler une robe rouge, portant le même symbole qu'eux: la marque de Père. Ils nous entaillèrent ensuite le poignet, nous guidant afin de tracer ce même symbole autour de chacun d'entre nous à l'aide de notre propre sang. L'un d'eux arriva alors avec une coupe argentée, la transportant avec mille précautions. A l'intérieur, un liquide luisant remuait doucement, sa couleur rouge sang tranchant avec la couleur argentée du récipient. Par ailleurs, à première vue, cela ressemblait à du sang, mais il en dégageait quelque chose de sombre, de meurtrier qui laissait supposer qu'il s'agissait de bien plus... Quelque chose qui nous dépassait, nous, simples mortels.
Alors que j'observais mes "camarades", je vis le kainiste déposer deux gouttes du liquide dans le dessin formé par le sang de l'humain. Le résultat fut saisissant.
C'était comme si son sang été mué par une étrange volonté... Il se mit à remonter le long de son corps, laissant sur son passage un sol immaculé et forma des motifs sur tout son corps d'après ce que laissait voir la tunique... Les étranges dessins se mirent ensuite à briller, comme chauffés à rouge. L'humain hurla sous la douleur, s'effondrant sur le sol avant que les motifs prirent une couleur noire et furent comme absorbés par la plaie, retournant ainsi dans son organisme, ne laissant aucune trace sur la peau. L'humain était à présent extrêmement pâle, son front luisant d'une mince pellicule de sueur. On pouvait sentir la maladie ronger son corps... J'eus à peine le temps de détourner le regard que l'homme se tenait devant moi. Enfin... la femme devrais-je dire. Elle m'observa un instant et je pus apercevoir une paire d'yeux d'une couleur métallique. Elle souriait légèrement, récitant les mêmes mélopées que pour les deux précédents. Le sombre avait retenu son cri, mais avait rejoint l'autre au sol, dans le même état. Je me concentrai alors sur les paroles de la jeune sombre:

"Père et Destructeur de toute vie
Divin à la volonté toute puissante
Annhile la lumière dans ton ombre,
Laisse tes Enfants exercer ta volonté,
Par ton sang, juge l'Enfant désireux d'être ton arme.
Accorde puissance au digne et mort au faible,
Que ce qui est laissé dans le feu de la destruction,
Forge ton monde, renaissant parmi les ombres..."

Je sentis le sang remonter le long de mon corps également. J'observai alors mes bras tandis que les motifs se mettaient à briller peu à peu, c'est alors qu'une douleur intense me parcourut le corps. C'était comme si chaque dessin était chauffé à rouge et pénétrait ma chair, me marquant ainsi définitivement et au plus profond de moi. La brulure se répandit alors dans tout mon corps, parcourant chacune de mes veines, irradiant la moindre parcelle de mon organisme. Elle se dissipa ensuite, les marques se laissant absorber par la plaie, la refermant également au passage, mais je tombai à terre, sans force, pris de violents vertiges. Je sentis une mince pellicule de sueur recouvrir mon corps peu à peu. J'avais chaud... Beaucoup trop chaud... Des tremblements et des nausées me saisissaient. J'étais faible... très faible... J'entendis vaguement quelques paroles, mais ne put en discerner le sens, sombrant dans l'inconscience.
A mon réveil, je me retrouvai dans un lit, recouvert d'une couverture. La pièce était presque entièrement plongée dans l'obscurité. Je me redressai. Il semblait que j'étais guéri. Comme je regardai droit devant moi, mon regard tomba sur la sombre de la dernière fois. Elle était adossée contre un mur, les bras croisés sur sa poitrine.

"Père a finalement choisi un nouveau fidèle" dit-elle dans un soupire avant de poser son regard à quelques mètres à mon côté.

Je le suivi, découvrant ainsi les corps de mes deux "camarades". Leur teint était extrêmement pâle, leurs yeux ouvert, le regard vide. Aucune étincelle de vie ne semblait les habiter.
J'étais donc devenu un "élu" de Père également. On m'enseigna les différents rituels ainsi que la nature de nos deux substances sacrées: le Sang de Père et l'Encre de Père.

(Le savoir est une chose bien précieuse, Enfant. Le sage, face aux questions, ne propose que le silence, ses disciples faisant ainsi de même, les connaissances se perdent alors dans un monde sans bruit où seuls des érudits sans âme rodent.)

Pourchassés, encore et toujours... Nos frères tombent les uns après les autres sous les lames des fidèles d'Einhasad. Nos frères s'éloignent peu à peu du chemin du Divin, mettant en avant leur profit personnel, et non la volonté de Père. Les fous... Ils ont osé utiliser l'Encre Maudite sur une pâle... Les inconscients... Lier diverses personnes à leurs victimes, et les torturer par leur intermédiaire sans se soucier des conséquences... Trop sûrs d'eux, ils n'ont pas fait attention aux représailles... Trop sûr d'eux, ils ont oublié que le Lien unissant deux personnes par le biais de l'Encre ne se réduisait pas au domaine de la douleur... Père nous abandonne à présent. Nous sommes ses Enfants déchus. Nos rêves de gloire personnelle nous divisent sans cesse face à l'ennemi, notre culture sombre peu à peu dans l'oubli. Par chance, j'ai pu récupérer nos deux substances maudites, devenant ainsi leur gardien suite à l'attaque de notre lieu de culte. Nombre de nos anciens sont tombés. Je suis l'un des derniers survivants de notre groupe, mais pour combien de temps?

Tu dois le savoir Enfant, combien nous sommes méprisés par les autres croyants, qu'ils soient de notre race ou non. Père est destruction, Père est chaos, mais il ignore que Père est création, que Père est perfection. L'ignorance est leur plus grande faiblesse, Enfant. Ils ne savent voir le monde tel qu'il est réellement. Lumineux, certes, mais c'est dans la lumière la plus brillante que se dissimulent les ténèbres les plus sombres. Ils cherchent à se détourner de cette vérité, tentant de faire briller la lumière d'Einhasad, ignorant que ce qui en résultera sera pire que ce qui aurait pu se produire. Tu te demandes sans doute ce que nous sommes, quelle est notre raison d'être. A moi de te répondre.

Nous sommes des libérateurs, nous sommes le chaos et la perfection. Enfant du Créateur, nous nous devons d'engloutir les mensonges d'Einhasad, les illusions idéologiques dans les méandres obscurs de la vérité, faire renaître ce monde sous sa vrai nature. Etrange expression, n'est-ce-pas? Le commun des mortels ont toujours employé des expressions comme "voir la vérité" ou "la vérité éclaire" seulement, les illusions apparaissant dans les désert sont dues à la lumière. La vérité ne se voit pas, l'oeil se trompe facilement. La vérité se tâte à l'aveugle, elle se pressent. Enfant du Destructeur, nous nous devons de briser l'illusion de ce monde perçue par les mortels, détruire la lumière si trompeuse. Ceux qui acceptent d'ouvrir les yeux et que Père juge comme étant dignes seront perfection. Les autres mourront.
Une autre question doit également demeurer dans ton esprit Enfant. Qu'est-ce-que la perfection?
C'est la capacité de pouvoir mêler puissance à clairvoyance. Mon peuple, les sombres, a toujours été en quête de vérité. Accoutumé aux ténèbres, il a développé ce puissant instinct lui permettant de déjouer les manipulations. Père, séduit par cette caractéristique, nous a fait don de Sa puissance, nous enseignant les arcanes sombres, faisant ainsi de nous ses Enfants "adoptifs". Toutefois, notre peuple a déjà commencé à se perdre comme je l'ai écrit précédemment. J'ai pu constater dans notre groupe des orcs, humains tout aussi clairvoyants que notre race et j'ai eu également la déception de voir des sombres aussi naifs que des pâles parfois.
Les kainistes sont Enfants de la Perfection, mais ils ne peuvent le devenir qu'avec l'expérience, la connaissance et la force.
Quoiqu'il en soit Enfant, si tu es parvenu jusqu'ici, c'est que tu as le potentiel pour nous succéder. Au cours de mes errances, j'ai recherché sans cesse un lieu où l'Encre et le Sang de Père seraient en lieu sûr. Leur importance? Leur présence dans nos rituels. Pourquoi? Tout simplement parce qu'il s'agit de présents que Père nous a offert.
Son Sang a servi à la conception de l'épée démoniaque Akamanah. En le mêlant au notre, nous mettons notre fidélité et notre foi en jeu. Celui que Père refuse ou punit, meurt dés l'aube, alors que celui ayant son soutien se rétablit dés le lendemain. Une mise à l'épreuve très risquée comme tu t'en doutes.
Son Encre en revanche permet de lier deux personnes d'une certaine façon. Elle est utilisée lors de nos pactes et lors des serments. Ainsi, si une des personnes est blessée, torturée et autre, la deuxième en ressentira la douleur. De même que pour la mort. La vie des deux personnes sont liées ensemble. Il arrive que ce lien permette parfois à l'une de voir des images fugitives de la vision de l'autre, seulement, nous n'avons pas pu encore comprendre le mécanisme.
Enfant, si tu désires suivre nos traces, si tu désires honorer Père fidèlement, retrouve ses présents. Utilise-les et répends Chaos et Destruction sur ce monde créer à l'image d'Einhasad. Actuellement, ceux-ci reposent dans le temple bâtit à Sa gloire. Si tu es réellement un des nôtres, Enfant, tu les retrouveras et en fera bon usage...